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Thiago C. Sapede, accessit du prix de thèse 2020 EHESS

Prix et récompenses

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30/09/2021

Doctorant à l’Institut des mondes africains (Imaf), sous la tutelle de l’École des hautes études en sciences sociales, Thiago C. Sapede a reçu l’accessit du prix de thèse 2021 de l’EHESS pour « Le roi et le temps, le Kongo et le monde, Une histoire globale des transformations politiques du Royaume du Kongo (1780-1860) ».

Thèse soutenue en novembre 2020, sous la direction de Rémy Bazenguissa et de Catarina Madeira-Santos

L’EHESS a également remis le prix de thèse 2021 à Raphaël Van Daele pour « Penser l’origine et dire le multiple dans le néoplatonisme et l’étude du mystère (玄學 xuanxue). Approche comparative de la question des premiers principes chez Damascius et Guo Xiang 郭象 ».

 


Cinq questions à Thiago C. Sapede :

 

  • Comment résumeriez-vous votre thèse en quelques lignes ?

La thèse « Le roi et le temps, le Kongo et le monde. Une histoire globale des transformations politiques du Royaume du Kongo (1780-1860) » porte sur le royaume du Kongo dans une période qui va de l’apogée de la traite des esclaves (1780) à l’occupation militaire portugaise de la cour du Kongo et de l’imposition d’un traité de vassalité au Kongo en 1860. Certaines caractéristiques fondamentales de la configuration politique décentralisée de ce royaume sur cette période sont dévoilées dans ce travail, afin de constituer un cadre général de l’organisation politique et de mieux comprendre ses transformations. Notre intention est d’aborder la mise-en-marche et la légitimation (plus ou moins efficace) de ce régime décentralisé par des acteurs (tels que les rois, les conseillers, les missionnaires, les chefs de province et de village, etc.) et des institutions (la royauté, le conseil, les clans, les tribunaux, les diasporas commerçantes, entre autres), prêtant une attention privilégiée aux rapports de force à l’intérieur du Kongo et à leurs liens avec les réseaux atlantiques de la traite. En outre, le processus long et complexe de mise en dépendance du Kongo entre 1780 et 1860 est dévoilé au long de cette thèse, à partir, à la fois, d’une Histoire interne du royaume Kongo et d’une Histoire globale du Kongo pour la période mentionnée.

 

  • Comment avez-vous effectué vos recherches ?

Cette thèse a été faite en six ans d’intense travail avec plusieurs années de recherche d’archives dans cinq pays (le Portugal, l’Angola, la France, l’Italie, et le Brésil) ; mais aussi avec une mission de terrain au nord de l’Angola dans l’ancien territoire du royaume du Kongo. Ça a été un grand défi de travailler avec une telle masse archivistique où à la fois, on trouve plusieurs documents de notre intérêt, mais où les données sont également très fragmentaires et éparpillées. Nous avons cependant trouvé un grand plaisir dans la reconstitution de cette mosaïque historique complexe et fascinante.

 

  • Quelle suite donner à votre thèse ?

Je compte la publier, idéalement, l’année prochaine en France et, puis, au Brésil. Ce prix m’appelle aussi à la responsabilité de diffuser cette histoire, de l’enseigner, et notamment de continuer cette mission dans de nouveaux projets de recherche pour poursuivre des nouvelles pistes de recherche dévoilées par la thèse.

 

  • Racontez-moi votre parcours ? / Pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse ?

Quand j’étais jeune étudiant en licence à l’Université de São Paulo au début des années 2000, j’ai eu mes premiers contacts avec des études sur l’esclavage au Brésil. Quelques travaux m’ont particulièrement bouleversé (comme ceux de João Reis, Silvia Lara e Marina de Mello e Souza). Parmi d’autres découvertes, j’ai constaté, par exemple, que les fêtes populaires brésiliennes appelées congadas, considérées banalement comme folklorique, très présentes dans ma région natale dans la vallée du Paraíba (centre esclavagiste et de production de café au XIXe siècle), étaient en fait des phénomènes anciens qui faisaient référence à un royaume africain. Je découvrais alors que ce royaume du Kongo avait existé en tant qu’entité politique souveraine pendant plus de quatre siècles.

Alors, en ce moment-là, je voulais aller plus loin pour comprendre, finalement, de quoi s’agissait le royaume du Kongo historique ?

Cela m’a amené à un master à la même Université de Sao Paulo, dans lequel j’étais plutôt intéressé à comprendre le rapport entre le pouvoir politique et le catholicisme dans les deux dernières décennies du XVIIIe siècle. 

Après avoir confronté les résultats de ma recherche de master, j’étais en partie contant d’avoir dévoilé, un peu plus en détail, l’importance du catholicisme pour les enjeux politiques internes et de son rapport à l’extérieur du Kongo. J’avais alors saisi un mécanisme important de la configuration politique décentralisée. Mais j’étais encore inquiet de remarquer qu’il ne s’agissait que d’un engrenage, parmi d’autres, et qu’il fallait faire une thèse pour aller plus loin dans la compréhension du royaume du Kongo décentralisé du XVIIIe et XIXe siècles.

Certains auteurs comme J. Vansina, S. Herlin, J. Thornton et A. Hilton avaient déjà indiqué qu’il s’agissait d’une configuration politique décentralisée novatrice et intéressante, sans pouvoir cependant, / eux-mêmes, l’étudier en profondeur. Par conséquent, il reste encore l’idée selon laquelle la chute du régime centralisé au XVIIe siècle aurait marqué une « fin » pour l’histoire du royaume ou, du moins, son entrée dans une période sans importance.

Alors, il m’est venu une première série de questions qui a orienté mon projet de thèse, entre autres : finalement, en quoi consistait le royaume du Kongo décentralisé ? Quelles en étaient ses particularités, Quelles innovations ont permis le fonctionnement d’une telle forme politique et son maintien pendant presque deux siècles ?

Ces nouvelles réflexions m’ont imposé alors, au moins, deux ouvertures, par rapport à ma recherche de master : premièrement, une ouverture pour l’histoire globale et deuxièmement, un élargissement temporel pour une échelle de plus longue durée, abraquant aussi le XIXe siècle. 

 


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