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Raphaël Van Daele, prix de thèse 2020 de l'EHESS

Prix et récompenses

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18/10/2021

Docteur au Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC), sous la tutelle de l’ École des Hautes Études en Sciences Sociales, Raphaël Van Daele a reçu le prix de thèse 2021 de l’EHESS pour "Penser l’origine et dire le multiple dans le néoplatonisme et l’étude du mystère (玄學 xuanxue). Approche comparative de la question des premiers principes chez Damascius et Guo Xiang 郭象". 

Thèse soutenue en novembre 2020 sous la direction d'Alain Arrault et Sylvain Delcomminette (thèse en co-tutelle avec l'Université Libre de Bruxelles [Histoire et Civilisations] .

L’EHESS a également remis l'accessit du prix de thèse 2021 à Thiago C. Sapede pour "Le roi et le temps, le Kongo et le monde, Une histoire globale des transformations politiques du Royaume du Kongo (1780-1860)". 


5 questions à Raphaël Van Daele :

 

  • Comment résumeriez-vous votre thèse en quelques lignes ?

Ma thèse est une recherche de philosophie comparée, menée à l’aide de méthodes empruntées à l’histoire de la philosophie et à l’histoire intellectuelle. Son objectif est d’étudier la manière dont la question métaphysique des premiers principes a pu se poser dans la philosophie grecque de l’Antiquité tardive (IIIe-VIe siècles E.C.) et dans la pensée chinoise des IIIe-IVe siècles E.C. J’ai choisi de faire porter ma recherche sur deux penseurs – Damascius pour la Grèce et Guo Xiang pour la Chine – qui sont à la fois représentatifs et critiques vis-à-vis de leur tradition et des débats philosophiques de leur temps. L’étude conjointe de leur pensée respective relativement à la question des premiers principes a parmi de mettre en lumière des conceptions originales et contrastées du principe, mais aussi de la question elle-même, ainsi que de sa valeur philosophique.

 

  • Pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse ?

Pour plusieurs raisons. Tout d’abord à cause de l’intérêt que je porte à la métaphysique, à son histoire et aux questions que soulève cette partie de la philosophie. Cet intérêt remonte à mes premières années d’étude de philosophie, à l’Université Libre de Bruxelles. Je me souviens notamment avoir été fasciné par le chapitre consacré à Plotin et au néoplatonisme dans le cours de Philosophie ancienne (c'est alors la première fois que j'ai entendu mentionner le nom de Damascius). C’est encore cette curiosité pour les questions de métaphysiques qui m’a orienté vers les textes chinois traditionnellement rattachés au taoïsme, tels que le Laozi, le Zhuangzi et leurs traditions exégétiques. C’est dans cette perspective que, lorsque j’ai envisagé d’entreprendre une thèse de doctorat, je me suis orienté vers un sujet que me permettrait de faire converger ces intérêts : j’ai donc choisi de relever le défi d’une approche comparative en philosophie, dans l’idée que la pensée chinoise n’avait rien à envier à la philosophie occidentale en matière de métaphysique. J’avais également dans l’idée que certaines grandes oppositions entre la philosophie grecque et la pensée chinoise (notamment l'opposition de la transcendance vs l’immanence) pouvaient être nuancées à l’aide d’une lecture attentive des textes.

 

  • Comment avez-vous effectué vos recherches ?

Le premier défi qu’il a fallu relever fut celui de la méthode : comment établir une comparaison entre deux penseurs appartenant à des univers mentaux et culturels a priori aussi différents ?  Et surtout, comment ne pas perdre de vue la spécificité et le volume propre de chacun des termes de la comparaison, tout en évitant de simplement juxtaposer deux études sans lien l’une avec l’autre ? Ces questions se sont en fait progressivement résolues tout au long de la recherche. D’abord grâce à la lecture des textes dans leurs langues originales, ensuite grâce à l’élaboration d’une méthode inspirée de réflexions récentes en histoire de la philosophie et en histoire comparée des sciences. Aussi, je me tournais toujours en priorité vers les textes de Damascius, de Guo Xiang, mais aussi vers les écrits de leurs interlocuteurs et des autorités auxquelles ils se réfèrent. Ma perspective s’est ainsi concentrée sur les questions soulevées par ces penseurs, ainsi que sur l’inscription de ces questions dans la durée et sur le contexte euristique dans lequel elles furent formulées et traitées en Grèce et en Chine. Il a donc fallu faire appel à la fois aux outils et à la littérature concernant la philosophie de l’Antiquité tardive, et aux méthodes propres à l’étude du monde chinois. Mon étude de Damascius et de Guo Xiang a cherché à comprendre la pensée de chacun de ces auteurs, ainsi que le contexte spécifique dans lequel ils s’expriment. Cette attention aux textes a nécessité à un travail de traduction ainsi que, en ce qui concerne Guo Xiang, un effort philologique particulier, dès lors que le texte même de son Commentaire sur le Zhuangzi peut être sujet à débats.

 

  • Quelle suite donner à votre thèse ?

Je souhaite approfondir mes réflexions sur la méthode comparative en philosophie. Bien que la philosophie comparée ne soit pas une idée récente, son champ et ses méthodes restent sujets à discussion et il me semble qu’il est encore nécessaire de contribuer à ce débat. J’envisage donc de poursuivre les réflexions méthodologiques développées dans ma thèse, tout en approfondissant mes recherches sur la philosophie de l’Antiquité tardive, ainsi que sur les penseurs chinois des IIIe-VIe siècles E.C. À ce titre, je prévois, d’une part, de publier les résultats de ma recherche sur la métaphysique de Damascius et, d’autre part, de travailler à la traduction en français du Commentaire sur le Zhuangzi de Guo Xiang.

 

  • Racontez-moi votre parcours 

Je me suis d’abord inscrit comme étudiant en philosophie à l’Université Libre de Bruxelles. C’est dans le contexte de ce cursus que je me suis intéressé à la pensée chinoise, sur laquelle aucun cours n’existait à l’ULB. J’ai alors décidé d’apprendre le chinois et je me suis inscrit, en plus du Master en philosophie, au Master de langue et littératures chinoises qui venait de voir le jour à l’ULB. À l’issue de ces deux Masters, j’ai obtenu une bourse de doctorat du Fonds pour la Recherche Scientifique de Belgique (FNRS). C’est dans ce contexte que je suis arrivé à l’EHESS : j’avais en effet contacté le Prof. Alain Arrault, qui avait accepté de co-diriger ma thèse. Grâce à cette cotutelle entre l’ULB et l’EHESS, j’ai pu approfondir ma formation en sinologie et ma connaissance du chinois. Pendant mon doctorat, j’ai également obtenu une bourse pour partir à Taiwan et y mener mes recherches pendant quelques mois. J’ai finalement soutenu ma thèse en octobre-novembre 2020.


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