Entretien avec Emeline Foster, en mission à la French-African Foundation, ex directrice exécutive de la French-American Foundation Etats-Unis
Diplômée du Master d’Etudes politiques de l'EHESS, Emeline Foster est actuellement en mission à la French-African Foundation et est ancienne directrice exécutive
de la French-American Foundation Etats-Unis
Pourquoi avez-vous choisi l’EHESS ?
Au lycée, à 16 ans déjà, j'avais demandé à ce que l'on m'adresse la documentation sur l'EHESS et je dévorais les manuels de présentation de l'EHESS. Mais l'EHESS n'était pas encore accessible aux non doctorants. L'année de ma licence de sciences politiques à Assas, l'EHESS a ouvert son Master et j'ai pu y entrer. Il y avait encore des conférenciers qui refusaient les "petits jeunes" mais quelle expérience d'être la première promo ouverte aux titulaires d'une Licence. Je voulais étudier les sciences politiques et je voulais apprendre, je voulais intégrer le "savoir".
Qu'avez-vous étudié à l'EHESS ?
J'étais en Master d'Etudes politiques et j'ai fait mon mémoire sur "l'esthétique de la violence dans les sociétés contemporaines". Je travaillais avec Luc Foisneau sur mon mémoire. Je pense qu'il a très vite compris que je ne serai pas une future doctorante mais il m'a néanmoins beaucoup accompagnée et m'a permis d'atteindre mes objectifs.
Que vous a apporté l’EHESS dans votre vie professionnelle ?
D'abord je n'étais pas faite pour la fac, j'y ai plutôt survécu, je détestais ingurgiter des cours par cœur, je voulais comprendre. Dès que j'ai intégré l'EHESS, je me suis sentie revivre et l'apprentissage était beaucoup plus adapté à ce qui me convenait. Ensuite au niveau professionnel, je me rappelle encore de mon premier entretien d'embauche après l'EHESS où quelqu'un m'avait demandé si je pouvais apprendre/ comprendre/ m'adapter à des domaines que je ne maîtrisais pas. Je lui avais répondu qu'une fois que vous aviez passé des journées à décortiquer le Léviathan de Hobbes et toutes les œuvres de ses pairs, vous pouviez comprendre n'importe quoi ! L'EHESS m'a donné un esprit critique, une capacité à analyser et à transformer un problème en une solution que je n'aurais pas eu ailleurs. On ne m'a pas donné une compétence professionnelle à proprement parler en étant à l'EHESS mais j'y ai appris l'analyse, à suivre mon intuition et la polyvalence.
Pourriez-vous nous raconter votre métier ?
Ce serait compliqué parce que je n'ai pas un métier mais plusieurs, je fais des politiques publiques mais aussi de la mise en réseau, ou encore de la levée de fonds. Je travaille pour des leaders publiques, des structures paragouvernementales ou encore des associations. Je les conseille, les accompagne et je les aide à accomplir leurs objectifs que ce soit dans leur gouvernance, dans leur recherche de financement ou encore dans l'accompagnement de projet. Ce qui m'importe dans toutes mes missions c'est que les leaders de demain fassent preuve d'humilité et de bienveillance et qu'ils maîtrisent le soft power. Encore aujourd'hui, je décortique toutes les situations pour en retirer une idée, un concept qui pourra aider la personne ou la structure pour laquelle je travaille. Une chose apprise à l'EHESS.
Auriez-vous rencontré une personne inspirante pour vous lors de votre parcours à l’EHESS ?
Je me rappelle de mon premier cours avec Hamit Bozarslan, nous étions tous entassés dans une salle minuscule mais j'avais l'impression d'être dans un autre monde (quand j'arrivais à suivre) et la lecture de La naissance du Purgatoire (Jacques Le Goff) et le travail que j'ai eu à faire sur cette lecture m'ont beaucoup marqué et me marque encore. Mais écouter Stéphane Audouin-Rouzeau sur France Inter avant de me rendre à son cours, ou encore croiser Marcel Gauchet rue de la Roquette alors que j'avais du mal à me faire une place dans l'amphithéâtre dans lequel il enseignait était un bonheur… Ces personnes et ces moments m'ont définitivement marquée.
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