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Entretien avec Camilo Leon-Quijano, prix de thèse sur la ville 2021

Prix et récompenses

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14/09/2021

Camilo Leon-Quijano a reçu l'un des prix de thèse sur la ville 2021 pour sa thèse de doctorat en sociologie “Fabriquer la communauté imagée : une ethnographie visuelle à Sarcelles”, soutenue à l’École des hautes études en sciences sociales (Centre d'étude des mouvements sociaux - Cems).

Thèse soutenue en novembre 2020, sous la co-direction de Juliette Rennes et d'Anne Monjaret. 

Ce prix est organisé par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), l’Association pour la Promotion de l’Enseignement et de la Recherche en Aménagement Urbanisme (Aperau internationale) et l’Institut CDC pour la Recherche-Caisse des Dépôts.

Il a également reçu le Rieger Award for Exceptional Graduate Work in Visual Sociology 2021 de l'International Visual Sociology Association (IVSA).


Nous lui avons posé cinq questions : 


  • Comment résumeriez-vous votre thèse en quelques lignes ?

 

Ma thèse étudie la vie sociale des images à Sarcelles, une ville située dans la banlieue nord de Paris. Elle porte sur les matériaux et les interactions photographiques qui définissent socialement cet espace. Pour cela, j’ai mené de 2015 à 2018 une ethnographie des images et par les images. J’ai exploré la construction sociale de ce que j’ai nommé une communauté imagée en étant à la fois enquêteur et photographe. Au croisement de l’anthropologie, de la sociologie et des études urbaines, j’ai développé une démarche critique et réflexive qui interroge la dimension sensible de l’espace. Sur la base d’une phénoménologie des expériences visuelles, de méthodes participatives et d’une pratique photographique de longue durée, j’ai exploré l’économie des images au niveau municipal. J’ai étudié les différents degrés de publicisation de mes propres photographies à l’intérieur et à l’extérieur de la ville, en particulier dans le milieu photojournalistique. 

 

  • Pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse ?

 

Le noyau dur de mon projet de thèse, initialement centré sur les expériences socio-spatiales, a évolué à mesure que je photographiais les habitant-e-s. 

C’est en étant en contact direct avec les Sarcellois-es que j’ai découvert l’importance qu’elles et ils accordent à l’image de leur ville. J’ai passé trois ans sur place et, grâce à une approche à la fois créative et immersive, le projet s’est progressivement centré autour des images et des expériences visuelles en ville. J’ai donc choisi d’analyser Sarcelles sous un nouvel angle, celui des images, en particulier celui des photographies faites et partagées par un ensemble d’acteurs locaux : l’enquêteur, les personnes de l’enquête, les médias, les politiciens.

 

  • Comment avez-vous effectué vos recherches ?

 

J’ai effectué une activité de notation ethnographique très intense mais j’ai aussi accompagné cette activité d’une pratique photographique créative tout aussi intense (j’ai réalisé plus de 11 575 photographies éditées sur trois ans). J’ai publié régulièrement ces images, puis j’ai analysé leur circulation auprès des habitant-e-s mais aussi auprès d’acteurs du monde journalistique. En parallèle, j’ai exploré la culture visuelle locale (notamment les archives des habitant-e-s, les livres photo et les circulations visuelles sur les réseaux sociaux). Enfin, j’ai mené des activités sensorielles (captations sonores) et participatives telles que des ateliers photographiques et des cartographies visuelles. Dans ce dispositif méthodologique, j’ai accordé une importance particulière aux rapports de genre et à la réflexivité critique du chercheur dans le processus d’enquête. 

 

  • Quelle suite donner à votre thèse ?

 

La suite première est la publication. Je travaille actuellement avec un éditeur pour une première publication de cette recherche sous un format qui se trouve à mi-chemin entre le livre de photographie et le livre d’anthropologie. Par la suite, j’envisage une deuxième publication plus centrée sur l’ethnographie visuelle. Enfin, j’envisage un travail d’exposition plus poussé, probablement en partenariat avec La Fabrique des Écritures à Marseille. 

 

  • Racontez-moi votre parcours

 

Je suis né et j’ai grandi en Colombie. Avant d’arriver en France en 2012, j’ai fait mes études supérieures dans trois pays différents : la Colombie, l’Argentine et l’Italie. J’ai fait un master à l’Université Sorbonne Nouvelle, puis le master Genre, politique et sexualité à l’EHESS. J’ai enchainé avec la thèse et j’ai bénéficié de l’allocation doctorale de la mention sociologie. En parallèle, j’ai enseigné au master Genre, puis j’ai eu un poste d’ATER à l’Université Paris 8. Après l’angoisse de la post-thèse, j’ai été recruté pour un post-doc en anthropologie visuelle de deux ans au CNRS dans le cadre du projet européen COESO. Je suis désormais à Marseille pour travailler à la Fabrique des Écritures (Centre Norbert Elias) et j’en suis très content ! C’est un espace de recherche créative unique en France où je pourrais développer pleinement mes projets photographiques et transmédia avec des artistes et des chercheur-ses.


crédit photos : Camilo Leon-Quijano 


Koumba, Rugbywomen. 2017

Maryse Gevrey, à Sarcelles. 2017

Sarcelles sous la neige. 2018   


   

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