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Daria Zhatko, lauréate d'un contrat doctoral 2022 à l'EHESS pour sa thèse "Institution versus autonomie ? Une ethnographie comparée des pratiques d’accompagnement du handicap mental dans les structures d’hébergement collectif en France"

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17/04/2023

Daria Zhatko est lauréate d'un contrat doctoral de l'EHESS pour sa thèse « Institution versus autonomie ? Une ethnographie comparée des pratiques d’accompagnement du handicap mental dans les structures d’hébergement collectif en France », au sein de la formation Sociologie et du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas (Lier-FYT), et sous la direction de Cyril Lemieux. En 2022, l'EHESS a désigné 35 lauréates et lauréats d'un contrat doctoral à l'EHESS.

 

 

Qu'avez-vous étudié avant la préparation à votre doctorat ?

Après une formation en histoire, j’ai fait un Master 1 au Collège Universitaire Français de Moscou, un programme francophone issu d’un partenariat entre plusieurs universités et grandes écoles françaises, parmi lesquelles l’EHESS. C’est durant cette période que j’ai trouvé le goût pour le raisonnement sociologique et l’enquête de terrain. Pour mon mémoire de Master 1 en sociologie j’ai réalisé une ethnographie d’un groupe des bénévoles orthodoxes qui assistaient dans un hôpital moscovite des personnes atteintes par le VIH et consommatrices de drogues. Ce travail a été récompensé par une bourse du gouvernement français qui m’a permis de poursuivre mes études en France. Ainsi, je suis entrée en Master 2 en sociologie à l’EHESS, où j’ai travaillé sur la transformation des EHPAD des Petites Sœurs des Pauvres dans les années 2000-2020. 

L’expérience des études en Master 2 à l’EHESS, même si elle a été affectée par la pandémie de la Covid-19, a renforcé mon envie de continuer en doctorat. J’ai ainsi décidé de faire une année préparatoire au doctorat à l’École pour élaborer un projet de thèse portant sur l’accompagnement des personnes avec un handicap mental. 

 

"J’espère également que cette recherche puisse être d’utilité sociale en permettant d’améliorer les pratiques d’accompagnement des personnes handicapées mentales et leur inclusion dans la société."


Pourriez-vous nous raconter votre projet de thèse ?

Depuis plusieurs décennies les institutions de prise en charge collective sont devenues la cible de critiques de la part de plusieurs acteurs sociaux, à savoir des associations de parents des personnes handicapées ou de personnes handicapées elles-mêmes, des chercheurs et des chercheuses en sciences sociales, des organismes internationaux pour les droits humains. Cependant, même si ce modèle de prise en charge des personnes vulnérables persiste, il ne reste pas immuable dans le temps. Les institutions de ce type évoluent sous l’influence des nouvelles politiques publiques et des actions des acteurs associatifs réalisées en vue de leur « humanisation » et de leur mise en conformité avec les normes de l’autonomie individuelle et des droits des personnes.

Dans ma thèse j’étudie plus spécifiquement les évolutions récentes des institutions de prise en charge des personnes handicapées mentales et les contradictions qu’elles font émerger dans les pratiques d’accompagnement au sein de ces structures en France.

La visée d’autonomisation des personnes vulnérables occupe une place de plus en plus importante dans le travail de l’assistance sociale et médico-sociale, mais les objectifs et les contraintes ne sont pas les mêmes pour toutes les catégories des personnes assistées. En ce qui concerne les adultes ayant un handicap mental, leur accompagnement présente un intérêt particulier, puisque la tension entre la protection et le projet d’autonomisation se manifeste d’une manière particulièrement aiguë. Le handicap mental est en effet généralement considéré comme une atteinte aux capacités mentales et cognitives qui sont associées au pouvoir de décider et d’agir par soi-même. Ainsi, les adultes handicapés mentaux sont régulièrement comparés avec les personnes mineures, une catégorie d’individus qui ne jouissent pas d’un plein droit de disposer d’eux-mêmes. 

L’objectif de ma thèse, c’est de comparer plusieurs types de structures d’hébergement collectif pour les adultes ayant un handicap mental afin de comprendre comment la prise en charge que ces institutions offrent est transformée par de nouvelles exigences et attentes de l’autonomie individuelle. J’utilise pour ce faire plusieurs méthodes d’enquête (ethnographie, entretien, études des archives et des documents). 

 

Pourquoi faire de la recherche et qu'est-ce qui vous anime ?

Depuis plusieurs années je travaille sur la prise en charge des personnes vulnérables qui pâtissent souvent d’une forme d’invisibilité dans l’espace social. Je crois que les sciences sociales ont un rôle éminent pour mettre au jour des problèmes sociaux et pour leur apporter des solutions pratiques. 

Mon ambition actuelle, c’est de contribuer aux études sociologiques sur les personnes ayant un handicap mental et cognitif, un domaine qui reste encore peu développé en sociologie. Tout d’abord, cela me semble important, puisqu’on connaît peu les conditions de vie actuelles des adultes ayant un handicap mental en France. De plus, il y a des enjeux sur le plan théorique dans la mesure où une enquête sur les personnes handicapées mentales permet de reconsidérer les questions de l’interaction, du rapport aux règles et normes sociales que la sociologie tend à prendre pour acquis. J’espère également que cette recherche puisse être d’utilité sociale en permettant d’améliorer les pratiques d’accompagnement des personnes handicapées mentales et leur inclusion dans la société.

 

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