Retour aux actualités
Article suivant
Article précédent

Abdelmounaim Fanidi, lauréat d'un contrat doctoral 2022 à l'EHESS pour sa thèse "Savoir et pouvoir au Maroc colonial : le cas de la « pacification » et de l’administration des Zaïans (1914–1956)"

Raconte-moi ta thèse

-

07/02/2023

Abdelmounaim Fanidi est lauréat d'un contrat doctoral de l'EHESS pour sa thèse "Savoir et pouvoir au Maroc colonial : le cas de la « pacification » et de l’administration des Zaïans (1914–1956)", au sein de la formation Droit, Études politiques, Philosophie et du Centre d'étude des mouvements sociaux (Cems), et sous la direction de Judith Scheele et Alain Mahe.
Cette année 2022, l'EHESS a désigné 35 lauréates et lauréats d'un contrat doctoral à l'EHESS.


Qu'avez-vous étudié avant la préparation à votre doctorat ?

Après avoir étudié deux années à l’Université Mohammed V à Rabat, j’ai obtenu une licence en science politique à l’Université de Montpellier. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de poursuivre le Master Etudes Politiques de l’EHESS dans le cadre duquel j’ai préparé un mémoire de Master sur la bureaucratisation du Moyen-Atlas pendant le Protectorat français au Maroc (1912-1956). Cette recherche visait à contribuer à la compréhension du passage d’une organisation tribale à une organisation bureaucratique, dans un contexte bien particulier qui est celui de la colonisation. C’est à l’issue de ce travail de recherche que j’ai pu obtenir un contrat doctoral de la Mention Droit, Etudes Politiques, Philosophie.

 

Pourriez-vous nous raconter votre projet de thèse ?

C’est au cours du travail d’archive que j’ai réalisé pour mon mémoire de Master que l’idée de ce projet de thèse a traversé mon esprit pour la première fois. En effet, en dépouillant les archives de l’administration coloniale installée au Moyen-Atlas, j’ai été frappé par la quantité immense de savoirs que les administrateurs coloniaux produisaient sur le pays. Et puisqu’en parallèle j’étais passionné par le thème des rapports savoir-pouvoir, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser les questions suivantes : Comment produisait-on ces savoirs ? Dans quels objectifs ces savoirs étaient produits ? Comment ces savoirs informaient l’exercice du pouvoir sur les « indigènes » ? Ainsi, au fil de mes lectures, le sujet a progressivement muri pour devenir la recherche que je mène actuellement.

Cette recherche vise principalement à élucider le contexte, les modalités, les objectifs et les enjeux de production des savoirs sur la tribu Zaïan – devenue le Cercle de Khénifra – pendant le Protectorat français au Maroc (1914-1956). L’objectif étant de comprendre comment les divers savoirs (récits d’exploration, renseignements militaires, fiches de tribu, recueils de poésie, notes, notices, romans, cartes, documents iconographiques, traductions de manuscrits et ethnographies) produits par les différents protagonistes de la colonisation (explorateurs, soldats, officiers des affaires indigènes, prêtres, informateurs, amateurs, romanciers et anthropologues) ont informé la « pacification » des Zaïan, en les faisant passer du statut de combattants « insoumis » à celui d’administrés. L’enjeu théorique principal sera, d’un côté, de revisiter le concept de « pacification » (i.e. la soumission armée des tribus) qui se limite souvent dans l’historiographie à la conquête militaire des tribus, sans prendre en considération les enjeux de production et d’usage des savoirs coloniaux. D’un autre côté, il s’agira de mettre en exergue le rôle de la production locale des savoirs dans l’administration coloniale. Enfin, il s’agit d’appréhender les motivations personnelles qui animaient ces auteurs afin de questionner, à hauteur d’Homme, l’articulation – l’irréductibilité ? – entre volonté de savoir et volonté de pouvoir.

 

Pourquoi faire de la recherche et qu'est-ce qui vous anime ?

Je conçois la recherche en sciences sociales comme une activité d’exploration. Il existe dans l’univers social plusieurs zones d’ombre que les chercheurs explorent – ou revisitent – afin d’améliorer notre compréhension, d’une part, de l’Homme et, d’autre part, des enjeux liés aux divers types d’interactions qu’on opère entre nous. Par surcroît, je considère que la recherche scientifique est le meilleur moyen dont nous disposons afin, d’un côté, d’établir les faits et, d’un autre côté, mener sur la base de ses résultats des débats féconds qui améliorerons notre bien-être. C’est précisément l’idéal qui m’anime et que j’aimerais consacrer toute ma vie à le poursuivre.


J'aime
1131 vues Visites
Partager sur
  • EHESS Alumni
  • réseau Alumni
  • réseau sciences sociales
  • thèse
  • doctorat
  • Maroc
Retours aux actualités

Commentaires0

Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.

Articles suggérés

Prix et récompenses

Rencontre avec Caroll Maréchal, lauréate du prix de thèse 2022 de l'EHESS

FS

Feriel Saadni

09 octobre

Raconte-moi ta thèse

Raconte-moi ta thèse #20 | Les conditions de la migration des personnes aux prises avec les conflits irakiens (2013-2022), par Juliette Duclos-Valois

SZ

Sarah-Yasmine Ziani

12 juillet

Prix et récompenses

Yael Dansac, accessit du prix de thèse 2023 du Suprême Conseil de France pour sa thèse sur le réinvestissement rituel des mégalithes dans le Morbihan

SZ

Sarah-Yasmine Ziani

10 juillet