Portrait de Marion Slitine, lauréate du prix de thèse 2020 du musée du Quai Branly - Jacques Chirac
Lauréate du prix de thèse 2020 du musée du Quai Branly - Jacques Chirac, Marion Slitine, aujourd'hui chercheuse postdoctorale, revient sur son parcours à l'EHESS et ses sujets de recherche.
Depuis le début de mon parcours académique, je m’intéresse aux interactions entre art et politique dans le monde arabe contemporain. Après un master d’Histoire (Paris I-Sorbonne), de sciences politiques (Sciences-Po Paris) et une licence d’arabe (Inalco), j’ai réalisé un doctorat d’anthropologie à l’EHESS sous la direction de Franck Mermier. Cette thèse, intitulée « La Palestine en créations. La fabrique de l’art contemporain, des territoires occupés aux scènes mondialisées », explorait la question des circulations et des engagements artistiques dans un contexte de colonisation et de globalisation. Fondée sur une enquête ethnographique de trois ans en Territoires palestiniens occupés (entre Jérusalem, Ramallah et Gaza) et soutenue en 2018, cette thèse est en train de donner lieu à un ouvrage aux Presses de l’Ifpo/Éditions Diacritiques. Après deux années d’enseignement à l’EHESS comme Ater, où j’ai notamment mis en place le séminaire « Anthropologie de l’art contemporain en révolutions au Proche-Orient », j’oriente mes recherches postdoctorales sur les liens entre pratiques artistiques, espace public et nouvelles formes du politique dans le monde arabe.
Dans la continuité et l’élargissement de ma thèse, mon projet postdoctoral s’intitule « Créativités urbaines au Proche-Orient : Une ethnographie comparée de l’art dans l’espace public ». Mené dans le cadre d’un contrat postdoctoral EHESS/Mucem, ce projet comparatif s’intéressera au « faire art » dans l’espace public, dans plusieurs villes du Proche-Orient (Beyrouth, Ramallah, Amman) et à la manière dont les pratiques artistiques reformulent les « lieux du politique » dans un contexte de mobilisations contestataires. Mon approche entend conjuguer la grille de lecture culturelle et urbaine dans les études sur le Proche-Orient tout en analysant, à travers la circulation des modes d’expression artistique entre les villes, la condition urbaine dans le monde arabe. Plus largement, mes recherches explorent les circulations culturelles entre le Proche-Orient et le Maghreb et les croisements disciplinaires entre pratiques artistiques et ethnographiques. À ce titre, mon projet de recherche-création « Ramakech : Regards croisés sur l’« art contemporain arabe » a pu se développer grâce à une bourse de l’EHESS et de la Fondation Camargo. À la croisée entre l’anthropologie de l’art, l’anthropologie du politique et la sociologie urbaine, mes recherches bénéficieront du cadre idéal de l’EHESS, qui place au cœur les croisements interdisciplinaires et les perspectives internationales.
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