Suzanne Rochefort, lauréate du prix de la Chancellerie des Universités de Paris 2022
Suzanne Rochefort, docteure en Histoire de l’EHESS, a reçu le prix de la Chancellerie 2022 des Universités de Paris, dans la catégorie « Lettres et sciences humaines » pour sa thèse « Travailler sur le devant de la scène : le métier de comédien et de comédienne à Paris (années 1740-1799) », sous la direction d’Antoine Lilti (Centre de recherches historiques – CRH). Dans le cadre de ce prix, Suzanne Rochefort répond à quelques questions.
Comment résumeriez vous votre thèse en quelques lignes ?
Ma thèse porte sur le métier de comédien et de comédienne à Paris, des années 1740 à 1799. Je me suis intéressée à la fois aux théâtres encadrés par le roi, comme la Comédie-Française, et aux spectacles non officiels du boulevard. Il s’agissait d’analyser la professionnalisation des comédiens en mobilisant deux angles complémentaires, celui d’une histoire sociale du travail et celui d’une histoire culturelle de l’espace public. Ce faisant, les trajectoires et les expériences de travail sont à la fois saisies par les coulisses et par la scène.
Pourquoi avoir choisi ce sujet de thèse ?
Tout est parti de lectures de curiosité que je faisais sur les arts du spectacle et leur histoire. Si un certain nombre d’ouvrages existaient sur le déroulement des représentations ou sur les publics, il y avait paradoxalement peu de choses sur les comédiens et leur vécu du métier, en dehors d’études de cas sur quelques figures célèbres. Cela m’a incité à creuser le sujet dans un mémoire de master 2, puis à prolonger mes recherches en thèse. La seconde moitié du XVIIIe siècle offrait un terrain d’enquête passionnant, puisqu’elle coïncide à la fois avec le développement des théâtres et de structures médiatiques.
Comment avez-vous effectué vos recherches ?
Les archives de la Comédie-Française, qui sont très riches, ont constitué une première étape incontournable. J’ai ensuite élargi mes recherches à d’autres types de sources, qui permettent de « rencontrer » les comédiens dans différentes situations. C’est le cas de la presse d’époque, dans laquelle des critiques dramatiques évaluent des prestations, ou des archives de police, qui renferment les traces de conflits professionnels. En plus d’analyses qualitatives, ces sources ont servi à construire plusieurs bases de données qui répertorient plus de 1200 comédiens et comédiennes ayant travaillé dans un théâtre parisien durant leur carrière.
Quelle suite donner à votre thèse ?
Je travaille actuellement à la publication de ma thèse. Parallèlement, je continue mes recherches sur l’histoire sociale et culturelle des métiers du spectacle vivant, en intégrant les danseurs, les musiciens ou encore les acrobates. Je m’intéresse aux diverses formes et expériences de travail qu’implique la co-présence entre des artistes et un public à l’époque moderne. Je poursuis notamment mes investigations dans plusieurs fonds d’archives provinciaux avec diverses questions de recherche, comme celles du corps au travail ou des enfants artistes.
Racontez moi votre parcours
J’ai commencé par une formation généraliste au sein d’une classe préparatoire littéraire, puis j’ai intégré l’École normale supérieure de Lyon en 2012. Après avoir obtenu l’agrégation d’Histoire, j’ai effectué un master 2 entre l’ENS de Lyon et l’EHESS, puisque mon mémoire était dirigé par Antoine Lilti (CRH). J’ai poursuivi mon parcours en thèse à l’EHESS, où j’ai également enseigné durant mon contrat doctoral. J’ai ensuite continué mes activités d’enseignement en tant qu’ATER en Histoire moderne à Aix-Marseille Université, et maintenant à l’université Gustave Eiffel.
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