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Entretien avec Matthieu Gravier, attaché d'administration au ministère de la Transition écologique

Et après ?

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10/03/2022

Diplômé du Master Sciences sociales - parcours Pratique de l'interdisciplinarité dans les sciences sociales (PDI), Matthieu Gravier est actuellement attaché d'administration au ministère de la Transition écologique.


Pourquoi avez-vous choisi l’EHESS ?

A l’issue de cinq années d’études pluridisciplinaires au sein de l’IEP de Strasbourg et un master tourné vers la sociologie politique, j’ai ressenti le besoin de poursuivre dans ce domaine en m’ouvrant à d’autres champs des sciences sociales. L’EHESS et son Master Sciences sociales - parcours Pratique de l'interdisciplinarité dans les sciences sociales (PDI) m’ont alors paru tout indiqués. 


Qu'avez-vous étudié à l'EHESS ?

La grande diversité de séminaires proposés, animés par différents intervenants spécialistes en histoire, sociologie, science politique, économie… empêche de faire une liste exhaustive ! Mais cette diversité était très stimulante. Je me suis surtout exercé à différents types d’enquête quantitative et qualitative, que je connaissais déjà pour certaines. 

Avec le recul, je retiens surtout l’apport de la méthode ethnographique, y compris sur des sujets et des terrains qui peuvent en paraître au départ assez éloignés : le droit, les rapports quotidiens au politique, l’élaboration des décisions publiques à l’échelle locale ou nationale… Mon parcours antérieur m’avait mis en contact avec une science politique plus « institutionnelle » et axée sur la construction de l’action publique ; l’EHESS m’a aidé à mieux saisir et prendre en considération la profonde intrication entre les pratiques, les comportements (politiques ou non) et les caractéristiques sociologiques des individus.

Justement, pendant le master, j’ai utilisé ces outils en réalisant un mémoire sur la structuration et la sociologie des cadres d’une organisation partisane d’extrême-droite à l’échelle locale. Le fait de mêler une étude prosopographique rétrospective et une étude qualitative plus actuelle, a été l’occasion d’aller derrière la façade de ce parti : de voir qui y passait, y restait ou en sortait, qui y faisait et disait quoi - et comment. En se posant ces questions, on peut en apprendre sur les modes de sélection du personnel politique et sa circulation, les conditions d’allégeance, de fidélisation, les causes des ruptures…

 

Que vous a apporté l’EHESS dans votre vie professionnelle ?

L’apport de la formation de l’EHESS est assez transverse et surtout très utile pour évoluer dans l’administration, qu’on présente souvent comme une sorte de boîte noire bureaucratique – ce qu’elle est en partie. C’est une architecture organisationnelle complexe, où évoluent une grande variété d’acteurs et s’exercent des rapports de force de diverse intensité mais constants. Je trouve qu’une formation en sciences sociales offre une attitude réflexive et des réflexes d’objectivation essentiels au quotidien pour y travailler. 

De la même façon, le master PDI m’a aussi permis de mesurer combien le droit, contrairement à l’image que les professionnels du domaine aiment à lui donner, est une activité éminemment sociale, tant dans sa fabrique que dans sa mise en œuvre par l’Etat et ses administrations.



Pourriez-vous nous raconter votre métier ?

Je suis attaché d’administration, actuellement chargé d’études juridiques au sein du secrétariat général du ministère de la transition écologique. Derrière la dénomination actuelle se cachent en fait les administrations en charge de l’écologie, mais aussi de l’aménagement du territoire, de l’énergie, des transports, de la mer... autant de domaines qui comportent leur lot de technicité, et dont la régulation et l’organisation passent souvent par des outils juridiques. 

J’interviens de mon côté avec mes collègues de bureau en soutien et en conseil juridique des différentes administrations, directions centrales ou déconcentrées du ministère, dans le cadre de l’élaboration ou de la mise en œuvre des dispositifs portés ce dernier par exemple. Mon activité comprend également un volet de conseil déontologique, un domaine en expansion au sein de la fonction publique.


Auriez-vous rencontré une personne inspirante pour vous lors de votre parcours à l’EHESS ?

Je me souviens de la forte émulation qui y existait entre étudiants et étudiantes qui travaillaient sur des sujets très variés, c’était super stimulant. 

En termes d’enseignants, il faudrait en citer beaucoup… Compte tenu de mon emploi actuel, je pense peut-être davantage à Etienne Ollion, qui animait un séminaire intitulé « Dans l’ombre de la loi », centré sur l’Assemblée nationale et ceux qui y travaillent : administrateurs, députés professionnels de la politique et néophytes, journalistes… Son attention pour la manière dont on rentre dans un rôle dans une institution et l’apport de l’analyse des trajectoires des acteurs sont des choses que j’aime humblement réutiliser de temps à autre aujourd’hui. 

Je pense aussi à Emilia Schijman, qui nous proposait une approche socialement ancrée du droit, avec entre autres une attention particulière pour l’articulation des pratiques des institutions et celles des « destinataires » des dispositifs juridiques et réglementaires. Dans le cadre d’un métier de fonctionnaire, il me paraît important de garder à l’esprit que les citoyennes et citoyens doivent à terme se frayer un chemin dans un environnement normatif au quotidien.



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