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Timothée Brunet-Lefèvre, doctorant à l'EHESS et membre du comité scientifique de l'exposition "Filmer les procès" aux Archives nationales

Les alumni dans les médias

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15/10/2020

En 2019, il remportait le prix du mémoire d'Études politiques à l'EHESS pour son travail de master sur le génocide contre les Tutsi au Rwanda. Et désormais, doctorant au Cespra sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau, il est membre du comité scientifique de l'exposition "Filmer les procès, un enjeu social" qui s'ouvre aujourd'hui aux Archives nationales.

Retrouvez ci-dessous le portrait de Timothée Brunet-Lefèvre !

Timothée Brunet-Lefèvre, première place pour son mémoire sur Le père Seromba et la destruction de l’église de Nyange. Rwanda, 6 avril 1994 - 17 avril 1994

Après un passage en classe préparatoire et une licence d'Histoire à Paris I, j'ai rejoint le master Études politiques en 2017. La rencontre avec mon directeur, Stéphane Audoin-Rouzeau, a été décisive dans le choix de mon sujet. J'ai ainsi entrepris une recherche sur un prêtre génocidaire et sa paroisse lors du génocide contre les Tutsi au Rwanda, en avril 1994.

Dans la paroisse de Nyange, le père Athanase Seromba a fait détruire son église pour qu'elle s’effondre sur les deux mille Tutsi venus y chercher refuge. Si de nombreuses églises ont été attaquées pendant le génocide, la destruction de l'édifice religieux est un acte inédit, fort de sens dans un pays profondément chrétien. Je me suis donc interrogé sur le rôle du prêtre dans le massacre d'une partie de ses fidèles. Auprès des tueurs, Seromba a conservé son rôle d'intermédiaire avec le divin. L'habit, la parole et l'aura du religieux ont contribué à légitimer les génocidaires, mais aussi à trahir les victimes, convaincues de la sainteté du prêtre. Pour écrire cette trahison, il a fallu passer par un autre événement : le procès de l'abbé au Tribunal pénal international pour le Rwanda entre 2002 et 2008. À la Chambre, c'est tout un espace-temps qui s'est trouvé recomposé. Les anciens paroissiens de Nyange, génocidaires comme rescapés, ont comparu face aux juges et face à l'accusé. À travers le jugement d'un prêtre, c'est toute la dimension religieuse du  génocide contre les Tutsi est ressortie au prétoire.

Pour mener ce projet à bien, il a fallu mobiliser les ressources de disciplines très variées. Les séminaires de l'École m'ont été d'une grande aide pour répondre à ce défi. De nombreuses rencontres et échanges fructueux ont rendu possible ce mémoire. Avec l'appui de la mention Études politiques, j'ai bénéficié d'une aide de terrain pour partir au Rwanda en septembre 2018. C'est grâce à ces conditions optimales que j'ai décidé de continuer mon parcours de recherche en doctorat, toujours à l'EHESS, sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau. Au croisement du droit et de l'histoire, j'étudie le très récent procès de deux génocidaires rwandais à la cour d'assise de Paris, Tito Barahira et Octavien Ngenzi.


Pour aller plus loin, découvrez son interview vidéo dans l'émission "L'Info du vrai" (Cnews) le 4 septembre 2020, sur le thème de la captation du procès des attentats de janvier 2015 et sur les procès filmés dans leur ensemble.


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