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Portraits des lauréat·es de l'EHESS des Prix de la Chancellerie des Universités de Paris

Prix et récompenses

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11/12/2019

Le 3 décembre 2019, Kyra Grieco, Marie Le Clainche-Piel, Gaspard Lion et Ariane Mak, quatre jeunes docteur·es de l'EHESS, recevaient le prix de la Chancellerie des Universités de Paris pour leur thèse soutenue entre 2018 et 2019. Voici leurs parcours et leurs sujets de recherche.



Kyra Grieco

Kyra Grieco (premier prix spécialisé en anthropologie, histoire et géographie de la Chancellerie) est docteure en anthropologie de l’EHESS. Ancienne élève de l’Università di Bologna et de la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres, elle a réalisé sa thèse « Politiser l’altérité, reproduire les inégalités. Genre, ethnicité et oppositions aux activités minières dans les Andes nord-péruviennes » sous la direction de Mme Carmen Salazar-Soler. Elle est actuellement attachée temporaire d’enseignement et de recherche (Ater) en Anthropologie à l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

Son travail porte sur la reconfiguration des rapports sociaux et la politisation de la différence en lien avec le développement minier du nord andin péruvien depuis 1992. À travers l’ethnographie d’un réseau militant local opposé aux activités extractives, il explore la tension entre la « mise en politique » des identifications ethniques et de sexe et la reproduction des hiérarchies sociales qu’elles sous-tendent.

Ses recherches l'ont amenée à effectuer plusieurs longs séjours au Pérou, notamment dans la région Cajamarca. Elle obtient à cet égard plusieurs bourses d'études : l’aide à la mobilité de l’Institut français d’études andines (Ifea), la bourse mobilité doctorants de la région Île-de-France et l’aide à la mobilité « Aires Culturelles » de l’EHESS. On lui attribue, en 2016, la Bourse d’accomplissement 8/9 de l’EHESS.

 


Marie Le Clainche-Piel


Marie Le Clainche-Piel (prix en lettres et sciences humaines) est chercheuse postdoctorale au sein de l’ANR Cortem, membre du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip) et associée au Centre d’étude des mouvements sociaux (Cems).

Elle a mené, sous la direction de Nicolas Dodier (Inserm, EHESS) et Catherine Rémy (CNRS), un doctorat consacré aux conditions sociales de l’introduction du visage parmi les organes transplantables : la greffe du visage. Elle a réalisé une étude des débats internationaux et un terrain approfondi ancré dans deux pays aux pratiques très contrastées, la France et le Royaume-Uni. L’enquête comportait trois méthodes : (1) l’investissement de deux sites ethnographiques dans les hôpitaux qui pratiquent ces expérimentations ; (2) l’analyse des archives de la presse et des institutions sanitaires depuis 1990, (3) ainsi que quatre-vingt-dix entretiens avec des chirurgiens, des infirmières, des patients, des militants, des membres de comités d'éthique et des agences de santé. Grâce à cette méthode, elle a démontré le processus par lequel le visage est devenu un organe prélevable chez les défunts et transplantable chez des patients défigurés en France. Elle a également expliqué pourquoi de tels projets expérimentaux se sont avérés, à l’inverse, socialement inacceptables au Royaume-Uni. Cette thèse se situe ainsi au carrefour de la sociologie des innovations, de la sociologie de la médecine et du handicap et de la sociologie des mouvements sociaux.

Pour mener cette recherche sur les dimensions sociologiques d’une expérimentation humaine, elle a obtenu un contrat doctoral de cinq ans à l’EHESS, suivi d’un poste d’attachée temporaire à l’enseignement et à la recherche à l’Université Paris-XII. Elle a également été résidente à la Maison française d'Oxford, en association avec le département d’anthropologie de l’Université d’Oxford. Puis elle a bénéficié de plusieurs séjours de recherche et d’écriture au sein de l'Université de Washington à St Louis (Missouri) et de l'Université d'Amsterdam (Pays-Bas).

Dans la poursuite de ce travail, elle s’intéresse à la circulation des matières corporelles (organes, fluides, restes humains) à travers leurs pratiques et modes de régulation dans une démarche comparative entre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.

 


Gaspard Lion


Docteur en sociologie, Gaspard Lion est maître de conférences à l’Université Paris-XIII, Sorbonne Paris-Cité et membre du laboratoire Experice. Après un master, à l’EHESS, au sein de la formation « Territoires, Espaces, Sociétés », il a réalisé une thèse en sociologie, sous la direction d’Isabelle Backouche et d’Olivier Schwartz, à l’EHESS, au centre de recherches historiques (CRH), et à Paris-Descartes, au centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis).

Sa thèse a porté sur le camping résidentiel, soit sur la situation de personnes qui résident en camping non pour les vacances, mais « à l’année », été comme hiver. Elle a poursuivi un double objectif : contribuer à la connaissance du « mal-logement » en milieu périurbain/rural en analysant les trajectoires, expériences, styles de vie et rapports aux institutions sociales et politiques de ses habitant·es, et participer à la compréhension des processus de recomposition sociale et culturelle et de stratification internes aux classes populaires contemporaines, en tenant compte des lignes de clivage et des petites différences qui travaillent aujourd’hui l’espace des styles de vie des groupes dominés.

Cette thèse a reçu plusieurs prix : le prix de la Chancellerie des Universités de Paris (en « philosophie, sociologie, sciences de l’éducation, ethnologie »), le prix de thèse de l’EHESS, le prix de recherche Caritas/Institut de France et le prix de thèse sur la ville du PUCA/APERAU.

 


Ariane Mak


Ariane Mak a soutenu sa thèse en octobre 2018 à l’EHESS, sous la direction de Laura Lee Downs et d’Alain Cottereau. Dans le cadre de sa recherche doctorale, elle a été visiting research associate à Queen Mary University of London puis à la Maison Française d’Oxford.

Elle est actuellement maîtresse de conférences en histoire britannique à l’Université de Paris, au Larca. 

Sa thèse, « En guerre et en grève. Les mineurs britanniques au prisme des enquêtes du Mass Observation, 1939-1945 », s’attache à explorer la manière dont le conflit entre justice sociale et patriotisme a pu s’exprimer dans le quotidien des communautés minières en guerre, à la mine comme au pub. Elle propose de le faire à travers une ethnographie historique qui conjugue : une revisite historienne des enquêtes de terrain entreprises par le Mass Observation durant la guerre ; une histoire de ces enquêtes ; et d’une quarantaine d’entretiens réalisés avec d’anciens mineurs, femmes et enfants de mineurs dans le Kent et dans le sud du pays de Galles. En cela sa thèse se veut également une contribution à l’histoire du Mass Observation (1937-1949), ce singulier collectif de recherche anticonformiste et autodidacte qui constitue un épisode négligé de l’histoire des sciences sociales britanniques.

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